Topographie des corps se veut fiction documentaire. Chaque image représente la fusion de deux parties de corps ; l’une d’un corps assigné et affirmé comme celui d'un garçon, l’autre d’un corps assigné et affirmé comme celui d'une fille. À 20 ans, j'ai pris ces images sous la forme de double-expositions en couleurs, pour questionner les normes de genre. De près, il devenait impossible de savoir à qui appartenaient ces parties de corps. Cinq ans plus tard, mon appréhension des catégories genrées a évolué, je perçois les corps humains comme des parties d’un système vivant plus global, loin de la binarité. Je retravaille ces images pour en exploiter la dimension plastique et les transformer en paysages. Chaque image porte le nom d'une appellation topographique que cette fusion évoque. En parallèle de mon positionnement de photographe navigant personnellement au travers des identités de genres, je documente le corps pur dans l’objectif de montrer l’essentiel de sa texture. Ces mélanges de mentons, fesses, genoux, dos, côtes, aisselles, épaules, cous ou tétons forment des fleuves et reliefs qui composent une géographie des corps. Le rendu radiographique participe à la confusion des frontières, des lignes et des surfaces pour questionner les grilles de lecture traditionnelle relative à la catégorisation du vivant.